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vous communiquer, et j’étois désolé de ne le pouvoir plus. Ô Emilie ces traits que je contemple à présent, dans un moment seront éloignés de mes regards, et tous les efforts de mon imagination ne pourront me les retracer avec assez d’exactitude. Ô quelle différence infinie entre ce moment et celui qui va le suivre ! Maintenant je suis en votre présence, Je puis vous voir : alors tout ne sera plus qu’un vide effrayant ; et je serai un pauvre exilé, banni de son unique asyle.

Valancourt encore la pressa contre son cœur, et l’y tint en silence en la baignant de larmes. Les larmes vinrent aussi soulager l’oppression d’Emilie. Ils se dirent adieu, gémirent un moment, et se séparèrent. Valancourt sembloit faire un effort pour s’éloigner. Il traversa précipitamment l’avenue ; et Emilie qui marchoit lentement vers le château, entendit ses pas pressés. Elle en écouta les sons qui s’affoiblissoient à chaque instant. Le calme mélancolique de la nuit cessa enfin d’en être interrompu. Elle se hâta de gagner sa chambre pour y chercher le repos : mais, hélas ! il avoit fui loin d’elle, et son malheur ne lui permettoit plus de le goûter.