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Et de tous vos plaiſirs flatteurs reſpectueux.
Et lors que vos mépris excitant mes murmures,
Je vous ay demandé raiſon de tant d’injures,
(Seul recours d’un Ingrat qui ſe voit confondu)
Par de nouveaux affronts vous m’avez répondu.
Aujourd’huy je promets Junie à voſtre Frere,
Ils ſe flattent tous deux du choix de voſtre Mere,
Que faites-vous ? Junie enlevée à la Cour
Devient en une nuit l’objet de voſtre amour.
Je voy de voſtre cœur Octavie effacée
Preſte à ſortir du lit, où je l’avois placée.
Je voy Pallas banny, voſtre Frere arreſté,
Vous attentez enfin juſqu’à ma liberté,
Burrhus oſe ſur moy porter ſes mains hardies.
Et lors que convaincu de tant de perfidies
Vous deviez ne me voir que pour les expier,
C’eſt vous, qui m’ordonnez de me juſtifier.

NERON.

Je me ſouviens toûjours que je vous doy l’Empire.
Et ſans vous fatiguer du ſoin de le redire,
Voſtre bonté, Madame, avec tranquillité
Pouvoit ſe repoſer ſur ma fidelité.
Auſſi-bien ces ſoupçons, ces plaintes aſſiduës
Ont fait croire à tous ceux qui les ont entenduës,
Que jadis (j’oſe icy vous le dire entre nous)
Vous n’aviez ſous mõ nom travaillé que pour vous.
Tant d’honneurs (diſoient-ils) & tant de déferences
Sont-ce de ſes bien-faits de foibles recompenſes ?
Quel crime a donc commis ce Fils tant condamné ?
Eſt-ce pour obeyr qu’elle l’a couronné ?
N’eſt-il de ſon pouvoir que le Dépoſitaire ?
Non, que ſi juſques-là j’avois pû vous complaire,
Je n’euſſe pris plaiſir, Madame, à vous ceder
Ce pouvoir que vos cris ſembloient redemander.