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Toujours de mes exploits me reprocher la gloire ?
Comme fi les beaux nœuds oû vous me tenez pris,
Ne devoient arrefter que de foibles elprits.
Par des faits tout nouveaux je m’en vais vous appren-
dre

Tout ce que peut l’amour fùr le cœur d’Alexandre.
Maintenant que mon bras engagé fous vos lois
Doit foûtenir mon nom & le volhe à la fois,
J’iray rendre fameux par l’éclat de la Guerre
Des Peuples inconnus au relîe de la Terre,
Et vous faire drelfer des Autels en des lieux
Ou leurs làuvages mains en refufent aux Dieux.’

CL EOF I L E.
Oiiy, vous y traifnerez la Victoire captive,
Mais je doute, Seigneur, que Famour vous y fùive.
Tant d’Eftats, tant de Mers qui vont nous des-unir ^
M’effaceront bientoft de voftre fouvenir.
Q.uand l’Ocean troublé vous verra fur fon onde,
Achever quelque jour la conquefle du Monde ;
Quand vous verrez les Rois tomber à vos genoux, *
Et la Terre en tremblant fo taire devant vous,
Songerez-vous, Seigneur, qu’une jeune PrincefTe,
Au fonds de fes Eftats vous regrette làns celle,
Et rappelle en fon cœur les momens bien heureux
Où ce grand Conquerant l’alfcuroit de Ces feux ?

ALEXANDRE. Hé quoy ? vous croyez donc qu’à moy-mefme barbare l’abandonne en ces lieux une beauté fi rare ? Mais vous-melîne plutoft voulez-vous renoncer Au trofne de l’Afie où je vous veux placer ?

C L E O F I L E.
Seigneur, vous le fçavez, je dépens de mon Frcre.

ALEXANDRE.
Ah ! s’il difoofoit fcul du bon-heur que j’cfpere,
Toutl’Empire de l’Inde allervi fous tes loix