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tions de calme et de douceur indifférente. Il se précipita au chevet de ce lit où elle accomplissait sa pénitence, si dure pour lui, l’époux naïf, et il ne trouva que ce mot qui résumait tous les reproches qu’il aurait dû lui adresser :

— Pardon !

Il l’enleva de ses draps, l’assit sur ses genoux, et la dévorant de caresses il bégaya des phrases inouïes.

— Je suis un brutal, c’est bien vrai… ne me tiens plus rigueur. Maman et toi vous ne vous entendez pas, je le comprends. Elle est vieille, tu es jeune… ensuite elle n’a pas été élevée à Paris ! Je m’imaginais que tu reviendrais… tu m’as boudé… ce n’était pas ma faute. J’ai tant souffert dans ce grand lit, tout seul. Je t’appelais dès qu’un meuble craquait, pensant que c’était toi, et tu boudais… Oh ! ces quinze jours à ne se rencontrer qu’au dîner, ne pas pouvoir s’embrasser devant elle ! Ma femme, ma pauvre Louise !

Comme une petite bête souffrante qui ne veut plus qu’on la touche, elle se repliait dans sa fine chemise et cachait ses cheveux dans ses deux mains jointes.

— Louise, je te supplie de me pardonner.

— Je ne t’en veux pas, Louis ! C’est moi qui ai tort.

— Mon Dieu ! comme tu es froide !… Tu ne m’aimerais plus, toi que j’aime tant… toi que j’ai désirée pour être la mienne en dépit de ma mère et des autres, ma Louise, ma jolie Louise blonde ?

Positivement, elle embaumait la fraise, cette petite femme, et il se grisait à la respirer sortant toute nue de sa couchette.