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après la première ! Il ne venait plus trahir une épousée, il allait savoir comment on trompe un mari. L’autre était là, derrière cette glace du boudoir, l’autre qui la caressait peut-être en attendant la constatation du flagrant délit. Sur la terrasse, il se calma peu à peu : si Marcelle avait voulu s’amuser à ses dépens ou connaître la solidité de ses promesses d’amour ? La porte du salon donnait aussi du côté de la Loire, elle allait sans doute s’ouvrir poussée par le beau sphynx, qui lui crierait railleur :

— Tu vois bien que tu me la préfères, puisque tu meurs de jalousie !

Ah ! que ces vieux étaient heureux d’être vieux, sans passions, sans voluptés, sans désirs ! Dormez, gens simples et incapables d’aimer. Vous ne souffrirez jamais ce qu’on souffre quand on va découvrir une trahison.

La porte du salon restait fermée. Une lueur douce, très rose mais comme voilée de mousseline éclairait le boudoir ; la glace limpide avait une transparence merveilleuse, ce soir-là, une transparence maudite ! Il distinguerait les moindres détails, il ne fallait que s’approcher sur la pointe des pieds pour ne pas troubler ce tableau de séduisantes infamies. Et les petites étoiles brillaient toujours, coquettes, moqueuses, ressemblant aux prunelles bleues des mariées naïves. La voie lactée étendait toujours ses écharpes légères sous lesquelles se dérobaient la pudeur et les cheveux des vierges épousées du paradis.

Louis, s’avançant, heurta un guéridon où l’on mettait les livres de Marcelle depuis qu’il faisait beau : un bouquet de violettes tomba, et un objet plus lourd qui rendit un son métal-