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— Oh ! les jolis myosotis ! fit-elle charmée.

C’était une agrafe de turquoises semée de brillants, un bijou de sentimentale.

— Vos fleurs vous plaisent-elles, madame ?

— Elles sont trop belles pour moi… je ne peux pas porter ça… et mon mari… que dirait-il ?

— Le mari dira que ma sœur vous les a offertes !

— C’est un bijou… Marcel… un bijou très cher, sans doute ?

— Tu es une ennuyeuse. Si tu refuses, je vais les offrir à la Loire.

Pour toute réponse Louise s’attacha l’agrafe au corsage.

— Comment savais-tu que je voulais des turquoises ? objecta-t-elle confuse.

— Je suis celui qui sait tout, madame !

Le valet de chambre vint leur annoncer que le dîner était servi.

Marcel mit le bras de Louise sous le sien et les deux amoureux passèrent dans la salle à manger. Le couvert étincelait aux lueurs des bougies roses, il y avait des gerbes de fleurs rares dans les vases de Saxe et les stores étaient baissés devant les fenêtres.

— Je meurs de faim, déclara Marcel joyeusement, le chemin de fer, cela vous creuse d’une horrible façon. Assieds-toi tout près de moi, nous nous servirons nous-mêmes, raconte-moi tes petites histoires de famille, dis-moi que tu détestes ta belle-mère et ton mari, dis-moi surtout que tu m’aimes comme on aime Dieu… quoique le bon Dieu soit dans les nuages et que moi je puisse descendre, dès que tu le voudras, de mon piédestal d’amoureux éthéré. J’ai faim de tes paroles, d’abord.