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tillonné depuis vingt ans. Pour travailler au maillet, c’est le meilleur bois, il ne fait ni éclat ni brisure. Vous en faut-il beaucoup ?

La dame souriait d’un singulier sourire.

— Vous vous entendrez avec mes frères. Ils m’ont dit qu’ils vous connaissaient, monsieur Bartau, répondit-elle sans regarder le bois.

— Ah ! mais oui, faisait Louis, conservant toujours la patience polie du marchand, même quand il ne se rappelait plus, mais oui… je crois bien… le château d’Amboise !

Madame Bartau intervint.

— Est-ce que vous désirez de gros morceaux ?

— Mes frères prendront tout ce qu’il y a ici, déclara-t-elle gracieusement.

Alors cette étrangère inspira un profond respect à maman Bartau. Elle lui avança une chaise.

— Une sérieuse commande, madame ; vous aurez des facilités de paiement.

— Je paierai comptant, c’est mon habitude ! répliqua la nouvelle cliente.

Louis n’en revenait pas. Et quand elle sortit par la porte vitrée qui donnait sur la rue, elle les salua si cordialement, que leur conquête fut achevée.

— Voilà, dit maman Bartau, une fameuse cliente. Elle ne veut même pas examiner la marchandise. D’où tombe-t-elle ?

— Elle est à Tours pour sa santé. Ses deux frères, deux sculpteurs, sont dans les réparations d’Amboise. Je les ai vus, ces gens-là… l’un est une espèce de gâcheur de plâtre, avec une casquette en arrière, l’autre est fou… je crois. Je ne sais pas autre chose.

— Penses-tu qu’elle paiera comptant ?