Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Si je pouvais savoir qui, pour ne plus avoir à lui serrer la main !

Avec le plus féroce des cynismes il laissa tomber ces simples mots :

— C’est moi, mademoiselle.

Fut-elle suffoquée ? S’y attendait-elle ? Elle ne proféra pas une syllabe. Sa chienne sous le bras, silhouette élégante et libre de femme sans manteau, elle traversa le pont. Elle ne sentait certainement pas le froid et elle connaissait l’endroit pour y être venue, de jour, avec son frère. Elle s’orienta afin de trouver la direction de la gare.

Avant que l’homme fût revenu de sa surprise, la femme lui avait échappé…

— Lucot ? Où est la gare de Saint-Cloud ? questionna le marquis de Pontcroix en se jetant dans sa voiture. Y a-t-il encore des trains ou des taxis ?…

Le chauffeur examina son patron, d’un air inquiet :

— Ma foi, monsieur, je n’en sais trop rien. Je vais chercher…

Lucot se demandait, lui, si la femme ne s’était pas précipitée dans la rivière.