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où on a laissé peut-être le meilleur de soi-même. Et puis… il y a la concurrence ! Ceux qui sont décorés… pour d’autres vols que ceux des aviateurs ! Il faudrait les enlever trop souvent nos décorations… absolument comme les anciens grognards ridicules qui les ôtaient en franchissant les seuils des établissements de plaisirs. Salons politiques, salons de la finance et salons de vos princesses de république arrivées à coups de reins aux antichambres de vos académies, je ne peux pourtant pas me faire poser des boutonnières à ressorts pour les laisser tomber chaque fois que je rencontre là-dedans des personnalités de vos mauvaises mœurs ! Être décoré, aujourd’hui, c’est avoir la fleur de papier rouge que les bouchers posent sur les plus en vue des chairs de leur étal, afin que l’on sache bien qu’elles sont bonnes à manger… ou à vendre ! (Il riait de son rire cruel.) Je les remettrai, mademoiselle Marie Faneau, puisque vous êtes romanesque, le jour où une révolution sociale balaiera Paris dans un torrent de pourpre… dont nous ferons le manteau d’un roi. Quand on aura exécuté toutes les acrobaties soviétiques, il faudra bien qu’on y revienne, car l’absolue liberté mène toujours au nouvel