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laid, seule chose dont tout le monde a la preuve… excepté vous. Je suis très heureux de vous connaître. Votre douceur convient à ma violence et j’aime à rencontrer en vous un équilibre qui me manque, parce que ma force est inutile et que votre santé m’est nécessaire. Vous n’avez rien à craindre de moi… de ce que vous redoutez chez les autres. J’ai remarqué que vous rougissiez facilement et que vous n’admettiez pas le contact d’une main ou un frôlement quelconque de la part d’un homme. C’est ce que j’admire le plus en vous : cette pudeur très réelle… et, comme vous savez regarder droit ! Vous me plaisez tellement que je cherche le mot qui doit vous faire comprendre ce que je ressens pour vous… mais un autre mot… que celui qu’on prononce toujours en pareille circonstance, ce mot qui ne signifie rien et qui a la prétention de résumer tout…

Elle eut, de son côté, un petit rire très doux, en murmurant :

— Il me suffit de savoir que vous en cherchez un autre pour être sûre que… c’était celui-là !

— Ah ! soupira-t-il, que vous êtes donc à la fois la nature et le mystère ! Quel est cet autre