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hachures qu’elle infligeait à son solennel papier. L’auteur, un nom totalement dépourvu de célébrité, y avait apposé une dédicace banale. Il ne lui apprit pas grand’chose, sinon que le lieutenant Yves de Pontcroix avait eu d’affreuses blessures, en en ayant, auparavant, fait, sans doute, de non moins affreuses à ses ennemis, puis le fortin dans lequel s’étaient réfugiés ces trois enragés, décidés à ne pas se rendre, avait sauté… L’auteur s’étendait peu au sujet de la catastrophe. On était parti dans les airs sans espoir de retour au sol et on s’était retrouvé, à peu près morts, deux en deçà des lignes allemandes et un au delà. On perdait la trace du principal héros, le sieur de Pontcroix, qui n’était revenu, lui, que beaucoup plus tard, délivré d’une ambulance boche par l’irruption d’un bataillon de chasseurs alpins.

L’ouvrage comportait toute la sécheresse technique d’un artilleur, très ferré sur son métier, et s’ornait des phrases un peu poncives du bon soldat qui ne sait pas les fabriquer lui-même.

Tout ce qu’elle put saisir, c’est qu’Yves de Pontcroix était breton, marquis, et officier de carrière, sorti de Saint-Cyr… probablement avec les gants de la légende. Maintenant, il devait