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rigole, mais, quand il est en colère, il vous a une allure très sur le pont de Pontcroix ! ou d’ailleurs. Il était avec des types de la haute que Fusard connaît, du cercle Machin, ou de la colonie américaine, et puis des gueules de l’armée, des écrivains combattants, de ceux qui continuent à fracasser tout dans les colonnes des feuilles qui paient cher. D’après ce que nous saisissons de leurs propos, ils discutaient sur un coup de jiu-jitsu. C’était en situation, puisqu’on venait de nous montrer une scène où l’on voyait un policeman roulé par un petit jap haut comme une botte. Ces Messieurs s’attrapaient ferme, absolument comme dans la rue. Fusard me dit que c’était passionnant. Moi, je n’aime pas les coups ni les histoires de coups. Ce qui m’intéressait, c’était ton type. Ah ! que celui-là sait donc s’habiller ! C’est rien de le dire ! Faut le voir au milieu des autres, qui n’ont sûrement pas le même tailleur. C’est un je ne sais quoi dans la courbe de la ligne, ou le pli, ça vous prend les yeux, malgré vous, et ça le ferait reconnaître entre mille. Il parlait moins fort que les voisins, d’une drôle de voix sourde et, malgré ça, il finit par se faire écouter. Fusard me souffla qu’il devait être un vrai professionnel