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amateurs gourmands et un perdreau fume, rôti, sur un plat d’argent, entouré de son jus velouté qui allume la convoitise de Michel Faneau.

— Marianeau, c’est un vrai ?

— Découpe-le toi-même et tu verras qu’il n’est pas en carton, gamin ! Ermance le déclare tendre. Elle s’y connaît la fille du Morvan.

— Marianeau, tu me donneras la tête et les pattes, modestement. Aussi les intérieurs, où il y a le parfum des baies sauvages. Et puis les deux cuisses qui ont couru dans les sillons. Et puis les deux ailes qui ont connu un ciel de province que je n’ai jamais vu. Je te garderai un blanc, le meilleur, mais tu n’aimes pas la chasse… alors, tu le recracheras sur mon assiette. J’aurai donc tout, y compris tes restes.

Elle rit, haussant les épaules :

— Prends donc tout, tout de suite. Ne te gêne pas. Si j’aimais le perdreau, on en servirait deux. Moi, j’ai de la bonne purée normande, mon régal.

Ermance, la fille du Morvan, proteste, en déposant une jatte remplie de purée de pommes de terre qui répand une saine odeur de beurre fin.

— Vous le gâtez tellement, le petit Monsieur,