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dans une contrée d’affreuse solitude ou de divine joie.

Non, fit-elle d’une voix étranglée par les larmes, votre médecin ne m’a rien dit. Je ne lui aurais pas permis une telle injure. Et lui, n’a pas osé.

Il éclata d’un rire franchement jeune :

— Une injure ? Et comment appelles-tu les recommandations de la mère à la nouvelle épouse ?… Comment faut-il nommer toutes les plaisanteries permises sur la robe blanche de la jeune mariée qui ne doit la mettre qu’une fois ? Vraiment, vous qui êtes, vous l’avez avoué, une femme et non pas une ignorante, comment appelez-vous tous les usages bien mondains qui tendent à inventorier les cabinets de toilette des gens qui s’aiment ? Tudieu, ma chère, je trouve enfin excessive cette pudeur, votre plus grand charme, je l’avoue, qui ne résiste pourtant pas à votre désir de vouloir être heureuse ! Vous êtes la plus jolie femme que je connaisse, mais vous êtes la plus naïve des amoureuses, si vous reculez toujours devant la force. Que signifient donc tous ces roucoulements, ces serments et ces promesses de folie, si nous ne jouons pas franc jeu le jour, pardon, la nuit des noces ? Marianeau,