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hanaps dont la hauteur fit un instant sourire la pauvre Marianeau.

Elle demanda de l’eau pure, car elle avait la fièvre.

Les servantes, timides, malgré leur costume rutilant de princesses de comédies, contemplaient à la dérobée la belle dame de Paris dont la chevelure d’or pourpré représentait toute la fortune.

Mais c’était la maîtresse. Il n’y avait rien à dire, sinon qu’elle était trop triste pour tant de bonheur.

Puis les deux hommes allèrent fumer un moment sur la galerie festonnée de lierre, se saluèrent correctement en échangeant la plus cordiale poignée de main, et chacun rentra dans son appartement.

Marie attendait le fauve, en proie à une terreur sans nom. Il avait acquis tous les droits sur elle et elle devenait sa propriété légitime, une des statues de ce château où l’on rencontrait des dames de marbre aux beaux yeux morts ! Il l’avait d’ailleurs royalement payée, lui ayant fait dire, par son notaire breton, qu’elle serait l’héritière de toute sa fortune, de tous ses biens, s’il venait à s’en aller le premier, selon l’usage