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engourdi. Il n’était pas fou, seulement privé de sensibilité. Une chose quelquefois bien gênante, la sensibilité. Henri Duhat s’en apercevait tous les jours !

Yves de Pontcroix, reprit, le ton décisif :

— Il n’y aura donc qu’un faire-part dans les journaux et, à ce propos, tu iras voir Gompel qui te rédigera ça le mieux du monde. Moi, je ne veux pas revenir à Paris et je suis ravi de ne pas avoir à m’y créer un salon… qui serait celui de ma femme que l’on courtiserait sous mes yeux, naturellement. J’en ai assez. Pontcroix ou un yacht sur la mer. Elle n’a pas besoin de gloire et de toutes ses combinaisons louches. C’est Gompel, le marchand de tableaux, qui m’a présenté à elle. Il lui en présenterait d’autres. Non ! Fuir !… La marquise de Pontcroix n’a plus à se soucier de son existence. Elle m’appartient. Oui, fuir… et très loin. J’ai tellement soif de solitude.

Henri Duhat s’occupa des derniers préparatifs du sacrifice pour épargner le plus possible les entrevues pénibles à la fiancée. Sans cesse dérangée par les couturières ou les bijoutiers, Marie vivait emportée dans une espèce de tourbillon où les objets lui semblaient tous teints