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jamais dans les réunions déclarées artistiques : premières, thé de salon à la mode, ou soirées bien mondaines, elle est estimée à sa juste valeur. Elle eut une grande médaille à ses débuts. C’est une sauvage, mais c’est quelqu’un. Elle est, d’ailleurs, relativement pauvre et met une généreuse fantaisie dans sa façon de traiter les clients. Il vient de s’en apercevoir.

— Mademoiselle, pour qui me prenez-vous ? Je ne souffrirai pas…

— Alors, monsieur, je garderai le portrait, sans votre permission.

Ils se mesurent des yeux.

Marie Faneau ne baisse pas les siens. Leurs deux orgueils sont aux prises.

Elle ne sait, elle, que ce qu’on lui a dit en lui présentant l’homme, chez ce même marchand de tableaux :

M. Yves de Pontcroix, qui désire vivement avoir son portrait par vous.

Quand elle a répondu qu’elle voulait bien, il est parti tout de suite, après un hommage banal à son talent, comme s’il redoutait de se voir trop examiné.

— Il est intéressant, hein, ce type-là ? lui a déclaré le bavard Gompel. Bon client ! Il m’a