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aussi vivante, toute aussi fière dans sa simplicité d’artiste qui n’a que son âme à offrir.

Marie Faneau se leva, secoua sa blouse poudrée de poudre multicolore, s’essuya les doigts, vérifia des mesures, des perspectives en plaçant un miroir en présence des fleurs qu’elle venait de créer, puis elle se tourna vers l’homme… qui recula. Marie Faneau était effrayante ! Ses prunelles flambaient noires dans ses yeux ordinairement si doux, comme phosphorescentes, un cercle de bistre rejoignait ses sourcils d’un brun luisant, enfonçant le regard dans un puits d’ombre. La pâleur de son teint, qui devenait si facilement rosé, tournait au jaune ivoire et des veines bleues saillaient aux coins de ses tempes. Tout était si régulier dans ses traits que la moindre contraction les changeait. Elle devait avoir reçu la plus affreuse des commotions cérébrales pour en conserver ainsi une marque d’épouvante et d’horreur.

— Oh ! mademoiselle, qu’avez-vous ? Que vous est-il arrivé ? Êtes-vous malade, blessée ? Vous êtes certainement très souffrante ! Un médecin ne peut pas s’y tromper. Ayez confiance en moi, je vous en supplie. Dites-moi ce