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— Puis-je vous adresser une prière, mademoiselle ? Je suis certainement indiscret, pourtant, j’y tiens. Est-ce que vous voudriez être assez aimable pour refuser… d’illustrer les deux autres ? M. Gompel vous les adressera peut-être comme il m’a adressé à vous… alors… Je n’ai pas besoin de vous dire, n’est-ce pas, que vos conditions, à ce sujet, seront les miennes.

Marie Faneau se lève, spontanément révoltée par le ton péremptoire.

— Je n’ai aucune raison pour vouloir peindre trois personnes dans ce volume et je pense que… qu’une suffira bien à m’affirmer moi-même. Quant aux conditions, il ne peut en exister aucune lorsque je suis satisfaite de mon œuvre et qu’il s’agit d’un ancien combattant. Veuillez vous en souvenir à l’occasion, monsieur.

Étonné, le jeune homme la regarde fixement, comme un objet curieux, le plus curieux de son atelier où il y a quelques jolies choses. Il ne la connaît pas du tout non plus. Gompel, le marchand de tableaux, l’a adressé à elle parce qu’il prétend que c’est l’artiste la plus consciencieuse qui puisse exister. En outre, elle est célèbre, cotée, appréciée. Si on ne la rencontre presque