Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

Moi, j’espérais que tu… t’amenderais. Il n’y paraît guère.

— Henri, tu n’es qu’un médecin. Tu ne comprends l’amour que comme un cas de clinique.

— C’est que, probablement, ta manière d’aimer… est un cas de clinique. L’amour, c’est ce qui donne la vie, ce n’est pas ce qui lue.

Yves de Pontcroix éclata d’un rire strident.

— Et quand on a donné la vie, est-ce qu’on n’a pas augmenté les chances de la mort ? Je ne pense pas que l’on fasse des soldats pour autre chose, dans le camp de nos ennemis, sinon dans le nôtre. Tudieu ! Il y a des gens de ma trempe qui ne s’y sont pas mépris. Et tous ceux qui font, bourgeoisement, des névrosés, des infirmes, des malades à bout de souffle dès leur naissance ? Ceux qui mettent au monde des cas de clinique ?… Et cela, pour quelques secondes de plaisir vraiment inférieur dont je ne pourrais pas me contenter, moi, dont la puissance réside dans le cerveau, c’est-à-dire est illimitée. Vous donneriez tous votre part de paradis ou d’honneur pour la possession d’une femme ! Mais que ne donneriez-vous pas si vous pouviez être à ma place ? Vous tueriez la femme, surtout si elle se permettait de vous aimer d’une autre façon ! Fi