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portrait, qui lui semble indispensable pour corser l’horreur de ce recueil. Je ne pouvais guère lui refuser cette complaisance d’anciens camarades de régiment, le second camarade non plus… et nous irons ainsi à la postérité, tous les trois, grâce à vous, Marie Faneau.

C’est très courtois, un peu sèchement dit et l’ironie en découle, plus amère et plus corrodante.

La voix de cet homme est sans timbre, basse, singulièrement gutturale, quand il se moque. Marie Faneau l’écoute, surprise par l’accent, point par les paroles. Un original qui tient à ne pas poser pour le héros. Il y en a comme cela. Ce sont les plus braves, généralement.

La guerre a reculé dans une toile de fond encore brumeuse de la fumée des incendies, mais le spectacle de l’arrière, qui est devenu celui de l’avant, étincelle d’un prestige si nouveau, ses feux de rampe ont une si étonnante lumière fausse que personne, depuis des années, ne se souvient de l’heure d’amour où l’on se battait et que tout le monde recommence à s’intéresser à la seule mêlée pour le plaisir.

Il reprend, la voix plus âpre et avec une décision non dissimulée :