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de ces silhouettes fabriquées avec des échalas sous des vêtements percés, qu’on met dans les champs pour effrayer les oiseaux. Michel Faneau, le joli pantin des bazars de Paris, le joyeux danseur de l’atelier Fusard, était mort, bien mort, plus que mort, vide !

— Pauvre diable, murmura le marquis de Pontcroix, il n’a pas eu le temps de souffrir !

Il s’assit à côté de lui et alluma machinalement un cigare. Il savait qu’il aurait à attendre vraisemblablement la pointe du jour avant de voir venir quelqu’un, paysan ou garde forestier.

Ce qui le préoccupait c’était… qu’il n’y avait pas de sang. Michel avait dû être broyé entre les deux parois de la carrosserie, se soudant pour ainsi dire sur lui, puis s’ouvrant ensuite dans les bonds successifs pour le laisser rouler, exsangue, hors de son linceul de fourrures.

Le jour parut. Pontcroix, fatigué de sa veille, s’étira longuement. Il avait envie de dormir comme un fauve qui revient de la chasse ! Un peu grelottant de froid, parce que ses habits mouillés commençaient à lui coller à la peau, il tira tout à fait les couvertures de voyage pour s’en envelopper à son tour ; mais, alors, ses yeux se dilatèrent, plus luisants, ses mains,