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taines tentations. Des lettres anonymes, c’est sans importance. Quand on est le marquis de Pontcroix et qu’on possède votre fortune, on ne se marie pas impunément. Cela rallume des rivalités, des appétits. Ah ! Yves, à votre place je ne me serais pas marié.

— À ma place ? Vous oubliez, mon cher, qu’entre nous, il y a des différences.

Le malheureux joueur savait probablement très bien à quelles différences on faisait allusion, car il tordit nerveusement son paquet de cartes.

— Vous êtes un ami généreux, Yves, seulement je me demande si pour vous rendre service, aujourd’hui, je ne devrais pas vous empêcher… d’aller à je ne sais quelle catastrophe. Cette jeune femme n’est pas une femme ordinaire.

— Elle m’aime. Son frère lui raconterait… qu’elle ne le croirait pas, au moins sans preuves à l’appui. Elle aime beaucoup son frère… Elle l’abandonnera pour me suivre… oui, quand je voudrai.

— Elle vous aime ? Alors, Yves, je souhaite… sa guérison par la vôtre… car au-dessus de vous il y a, en effet, la nature.