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Après les tergiversations de rigueur, on répondit que ces Messieurs avaient demandé l’adresse personnelle du marquis, mais que, selon l’usage de la maison, on ne l’avait pas donnée à deux inconnus.

— Envoyez-les-moi, s’ils reviennent ! ordonna Pontcroix.

Puis, quittant son pardessus, ôtant ses gants, il jeta des cartes sur une table de jeu placée près de son lit.

— Henri, tenez-moi compagnie en attendant. Car ils viendront. Maintenant, je sais. Tant mieux. Je commençais à m’ennuyer.

Et il se mit à fumer rageusement.

Henri Duhat ne risqua aucune objection.

Rien qu’à le voir manier les cartes, en des gestes fébriles et expérimentés, on devinait que le pauvre garçon retrouvait, lui, la seule distraction capable de lui faire oublier les soucis inhérents à sa qualité de médecin bien mondain. Pontcroix ne s’intéressait pas énormément à ce qu’il faisait et il causait, entremêlant son récit de termes rituels qui le dénaturaient le plus bizarrement du monde :

— Ça date d’hier soir, chez les Legoff. J’y ai rencontré un dessinateur, un artiste que je ne