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reflets du feu, prennent, en certaines mèches tordues, comme le gluant du sang. Son nez est rond, sa bouche fraîche, fine, d’un contour puéril. Elle est jeune, mais son âge n’est pas en question, parce qu’elle donne une sensation d’existence forte, de personnalité très saine qui attire, en dehors de tous les rites sociaux.

— Voilà ! dit-elle gaiement. C’est fini. Il ne faut pas m’en vouloir, monsieur de Pontcroix. Je vous ai tenu debout, mais on voyait trop, dans l’autre visage, que vous étiez assis et que vous vous rongiez d’impatience. Maintenant, vous êtes libre. Prenez le thé ou venez voir. Je vous permets tout, parce que je suis contente.

Elle s’étire, à son tour, s’essuyant les doigts à un petit mouchoir. Sa robe de satin-jersey marron, exactement du même luisant que ses sourcils, sans bijou, sans lingerie, est brodée, sur le côté gauche, d’une fleur de perles d’or, un chrysanthème écrasé sur la patte qui s’attache à l’épaule et qui semble s’épanouir avec l’envol du bras levé. Marie Faneau peut se grandir en se déployant tout à coup, trouvant en elle un ressort unique, son orgueil à créer qui la porte comme un pavois.