Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’élite qui appellent les grandes passions. Je déplore qu’elle puisse demeurer si enfant, malgré son intelligence. Ma parole, elle est envoûtée par le marquis. Ne m’a-t-elle pas déclaré, un soir, qu’elle le prenait pour… un revenant, un mort !

Le docteur Duhat tressaillit, s’arrêta, secoua sa cendre d’un doigt nerveux et regarda Michel.

— Les femmes ont des intuitions déconcertantes.

— Que voulez-vous dire ?

— Rien… que faire une réflexion médicale, cher monsieur.

— Souvenez-vous de l’histoire du vampire et de cette étrange façon de concevoir l’amour d’outre-tombe !

— Oh ! simple entraînement d’imagination ! Le marquis, que je connais depuis notre enfance, est un contemplatif, un poète à l’occasion, puisqu’il exagère volontiers. Je lui en ai entendu raconter bien d’autres.

— Alors, pourquoi cette brutalité de gestes, cher docteur ? J’ai, par hasard, assisté à une scène rien moins que poétique dans un… dancing où une certaine jeune personne très empanachée a reçu certaine leçon de jiu-jitsu qui lui a beaucoup rapporté.