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si elle n’eût pas été accompagnée par son frère. Michel devenait le flirt de toutes ces demoiselles raffolant de tangos endiablés, et assez souvent on invitait ce grand fauve un peu taciturne pour avoir ce singe amusant, son meilleur ami, un faiseur de tours des plus sympathiques.

— Michel, confia Marie, rentrant une nuit très lasse et très heureuse. Je voudrais te voir fixer ton choix pour plus tard : je veux te doter, avec la permission d’Yves qui m’en a déjà parlé, et te faire épouser une belle miss. Tu as le goût de tous les luxes. Maintenant toutes les ambitions te sont permises. Tu fais la noce à corps perdu, ça, nous le savons ! Il vaudrait mieux songer à l’établir convenablement… pour la vie.

Il se mit à rire, d’un rire douloureux :

— Qui t’a renseigné sur ce genre de noce que je fais en dehors de la noce mondaine ?

— C’est Yves qui prétends que tu brûles ta santé. Il devrait te suffire de nous suivre partout où l’on s’amuse convenablement sans y ajouter les aurores non vertueuses des rentrées à cinq heures du matin… Tu finiras par tomber malade. Tu ne dors jamais. Tu me ramènes ici et tu ressors… ce n’est pas normal.