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permettait, goûters dans les thés en renom et dîners dans les restaurants fastueux (toujours pleins malgré le renchérissement scandaleux des denrées) et rendez-vous aux théâtres où l’on rencontrait la cour habituelle de la reine : Gompel, Henri Duhat, de la Serra, souvent ce brave notaire breton qui, en sa qualité de vieux beau, ne dédaignait point les parties fines. L’éducation du fiancé, son titre et son argent faisaient disparaître le genre un peu bohème de Michel sous un aspect d’originalité amusante. On finissait même par ne plus très bien distinguer si c’était le grand seigneur qui déteignait sur le petit mauvais sujet ou le contraire. Michel, du reste, savait maintenant s’arrêter à temps dans une plaisanterie… et ne fumait plus devant sa sœur, parce que le marquis de Pontcroix ne prenait jamais cette licence.

— Ne trouves-tu pas que nous abusons ? questionna un jour Marie Faneau en retirant le très beau manteau de fourrure, présent de la corbeille, qu’elle avait consenti à mettre sur ses épaules parce qu’elle comprenait, maintenant, pourquoi les femmes pauvres s’enrhument quand elles se permettent le décolletage.

— Abuser… de quoi ?