Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

lure, raconté des histoires funèbres qui, vous le saurez peut-être un jour, sont un piment effroyable joint au champagne, il arrive qu’on ne mesure plus ses actes, qu’on a envie de mettre les morceaux doubles et pour aller plus vite, prouver davantage tout en ne cessant pas d’être correct…

— On se conduit comme…

Pontcroix l’interrompit d’un geste furieux.

— Taisez-vous ! ne répétez pas cela ou je ne réponds plus de ma patience !

— Moi aussi, monsieur, je vais aller plus vite et prouver davantage : vous n’épouserez pas ma sœur, parce qu’elle a peur de vous et que je ne vous le permets plus.

— Michel, cria Pontcroix perdant toute mesure, vous êtes venu ici pour me poser vos conditions. J’accepte tout d’avance : je ne peux pas aimer votre sœur sans l’épouser… c’est impossible. Je la veux entièrement.

— C’est-à-dire, cher monsieur, qu’il vous la faut loin de tout secours, dépouillée de toutes garanties sociales, sans défenseur, sans témoin et surtout consentante, vous aimant assez pour sauver l’honneur du nom, s’il y avait lieu, ce dont elle est fort capable ?