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— Pourquoi n’est-il pas revenu, ce revenant ?

— Peut-être parce qu’il commence à avoir peur de toi… ou de moi… crainte qui serait, pour lui, le commencement de la sagesse.

— Que faire, Michel ?

— Il n’y a que deux façons d’en sortir, Marie… La seconde, c’est de l’épouser, puisque tu l’aimes.

— Je t’en prie, ne plaisante pas. La première ?

— Que j’aille le trouver, ce que je voulais faire sans te le dire, et que je lui propose un pacte : je ne quitterai jamais ma sœur, parce que je sais tout. Arrangez-vous comme vous voudrez. Amant ou mari, vous aurez toujours un témoin, dans la mesure des circonstances… et de la pudeur. Remarque bien, Marianeau, que je ne sais rien, au fond, de positif, à part ce que j’ai vu. Je m’en fie au vieux dicton : trop poli pour être honnête. Et puis, il y a son meilleur ami, ce jeune docteur méditatif. Celui-là, je m’en souviens, a laissé échapper un tel mouvement de réprobation vers la fin de la fable de l’oiseau nocturne que je voudrais le questionner. Encore un Breton, un renfermé. Où le joindre ?… Je ne m’abuse pas sur mon premier