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parce que ça doit te faire du bien. Tu n’es pas tendre, toi, et tu ne peux pleurer que si tu te le permets.

Elle se renversa en arrière, se tordant les bras :

— Michel, je suis à bout de force. Je deviens folle !

— Veux-tu que nous tâchions de raisonner ? Moi, c’est entendu, je ne vaux pas grand’chose, mais c’est justement pour ça que je peux arriver à te prouver qu’il n’y a pas de quoi perdre le nord.

Elle se leva, jeta fiévreusement ses crayons dans la boîte ouverte près d’elle où ils se brisèrent en mille morceaux et courut se réfugier dans l’ombre du divan, suivie de Fanette, qui pleurait aussi.

Michel s’assit près d’elle :

— Mon Marianeau, je crois que le plus sage, si tu as peur de cet homme, or, il y a de quoi, c’est de rompre. Ça fera le scandale que ça voudra, tant pis !

— Michel ! Je suis hantée par la plus atroce des idées. Ça ne s’analyse pas et tu peux me faire enfermer si tu veux… Je m’imagine… ça me tourmente la nuit, obstinément, parce que