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vampires avaient mangé et entre autres le fils de Millo. Sur ces indices, on prit la résolution de déterrer tous ceux qui étaient morts depuis un certain temps. Parmi une quarantaine, on en trouva dix-sept avec tous les signes les plus évidents du vampirisme. Aussi leur a-t-on transpercé le cœur et coupé la tête et ensuite on les a brûlés et jeté leurs cendres dans la rivière.

Après le vampire, pur et simple, si on peut dire ! dont il vient d’être question, existe, au seul point de vue superstitieux, un autre vampire d’une espèce plus compliquée parce que touchant de plus près la croyance religieuse et par conséquent plus sacrée, sinon plus consacrée. Il s’agit du : broucolaque.

Les Grecs modernes ont désigné les vampires sous le nom de broucolaques. Les Grecs sont persuadés que les excommuniés ne peuvent se putréfier dans leur tombeau, qu’ils apparaissent la nuit comme le jour, et que leur rencontre est très dangereuse. Un voyageur du xvie siècle affirme que, dans l’île de Chio, les habitants ne répondent que lorsqu’on les appelle deux fois, persuadés que les broucolaques ne peuvent les appeler qu’une seule fois. Quand un broucolaque appelle une personne vivante et que celle-ci répond, le broucolaque disparaît, mais celui qui a répondu meurt au bout de quelques jours. Il n’est qu’un moyen de se garantir des broucolaques, c’est de les déterrer et de les brûler après avoir récité sur eux des prières : le corps ainsi réduit en poussière ne reparaît plus jamais. Un voyageur qui parcourut le Levant dans le xviie siècle rapporte l’anecdote suivante : un homme étant mort excommunié fut enterré sans cérémonie dans un lieu