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Serra et mon frère sont d’excellents danseurs. Je crois que nous devons réagir un peu. Trop d’occultisme ! Nous sommes tombés dans le travers à la mode.

— Et comment appelez-vous le tango ? riposta le fiancé, d’ailleurs tout aussi disposé qu’elle à réagir, car il semblait fort gai, tout à fait jeune.

— Michel, appela Marie, si M. de Pontcroix n’y voit pas d’inconvénient, tu vas nous danser ton pas espagnol. Va chercher tes castagnettes. Nous allons oublier la voix des enchanteurs bretons.

C’était tellement pressant que le fiancé ne put que s’incliner et Michel bondit en criant : Olé !

Son smoking enlevé, il le remplaça par une courte veste-boléro brodée d’or et, ayant pris la pose, au premier accord du piano, on élargit le cercle autour de lui.

— Il est merveilleux, ce garçon ! murmurait le comte de la Serra. Où a-t-il appris à danser ?

— Dans les bals de l’atelier Fusard dont il fait partie, monsieur, répondit Marie Faneau tout en jouant la danse endiablée. Les jeunes artistes aiment à se dérider quelquefois parce qu’ils travaillent beaucoup.

Le marquis de Pontcroix redevenait sombre