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cela permet d’oublier ses propres terreurs nerveuses, plus ou moins justifiées.

Le champagne était excellent, les glaces d’un parfum exquis, et, en somme, il faisait bon dans cet atelier élégant, devant ce vivant conte de fée qu’est un mariage d’amour.

Le vieux notaire, flatté, allait pontifier le plus sérieusement possible en glissant quelques parchemins officiels dans son récit, ce qui l’aurait rendu plus monotone encore, lorsque Yves de Pontcroix intervint :

— Puisque ma fiancée a la curiosité de cette légende, essayons de la satisfaire. Moi, je me la rappelle très mal. Je n’en connais guère que l’histoire véridique. Il s’agissait, je crois, d’une femme infidèle qui fut condamnée, par un de mes ancêtres, à mourir de faim ?

— C’est ça. C’est bien ça ! fit avec bienveillance le vieux notaire. Et n’oubliez pas, mon cher marquis, que votre aïeul, sous Louis XIII, revenait de la cour ayant un peu négligé cette jeune dame laissée au logis pour une autre personne, beaucoup plus âgée, la duchesse de…

— Oh ! coupa le fiancé, il importe peu de connaître les torts du mari, ceux de la femme nous suffisent.