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les bûches et tout ce protocole mondain qui n’entre pas dans ses habitudes de paysanne indépendante.

Près de la cheminée, il y a un cordon de moire, un ornement épiscopal. Marie Faneau le tire irrévérencieusement, sonne. Un grelot fêlé tinte, mais… personne ne vient. Alors elle recule brusquement son chevalet et elle se met à rallumer le feu. Ses gestes sont vifs, d’une prestesse animale. Elle n’a rien de la dame qui reçoit. Elle est sans affectation, comme un être qui accomplit logiquement ce qu’il faut faire, et c’est pour cela qu’une harmonie puissante et singulièrement impressionnante se dégage de tous ses mouvements.

L’homme la regarde, un sourire figé aux lèvres, un sourire étonné ou méprisant, celui de la pose.

Il est assis dans un fauteuil anglais, de cuir jaune, dont il n’ose bouger parce qu’il craint d’en perdre le contact jusqu’à un certain point réchauffant. Il est drapé de sa pelisse en vison, d’un brun lustré, qui donne à toute sa silhouette une allure princière, hautaine, mais souligne terriblement la dureté de son masque. Coiffé de cheveux très noirs, rejetés en arrière selon la