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— Oui, je veux être sa femme. Je le veux. Après tout… je ne risque rien… La mort, mais, c’est une plaisanterie, la mort, en amour…

Le notaire vint un matin, personnage important, gourmé, très chic, aussi gonflé d’expressions redondantes que son portefeuille l’était de paperasses :

— Mademoiselle Marie Faneau ?

— C’est moi, monsieur.

Marie, vêtue d’une robe de drap noir, sans une broderie, sans un bijou, comme portant déjà le deuil de tous les bonheurs, le reçut dans son atelier, laissant le dessin inachevé sur son chevalet et ses ongles encore tachés de pastel.

Tout en essuyant ses mains dans son petit mouchoir de soie, elle retenait la turbulente Fanette qui essayait de montrer les dents.

— Mademoiselle, commença le vieux Monsieur avec une courtoisie d’une autre époque, je suis Me Mahaut-Justin de Saupré. Depuis près de quarante ans je gère les intérêts de mes clients, les marquis de Pontcroix. Je suis d’origine bretonne, comme eux, du reste. M’étant présenté moi-même, je vous dois, maintenant, tous les sincères compliments que m’inspirent