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Le grand saigneur


I

Il fait froid. Cette gêne douloureuse, qu’insinue la basse température dans tous les membres, paralyse aussi les cerveaux et leur conversation tombe, se traîne un instant sur le tapis des lieux communs, s’efforce, péniblement, au rebondissement poli et finit par mourir faute d’un aliment nouveau où puisse briller la curiosité.

Marie Faneau continue à travailler.

On n’entend plus que son crayon de pastel qui grince sur le carton avec le bruit discret d’une dent de rat entamant un livre.

Marie Faneau, si elle n’aime pas le froid, n’est pas très éprouvée par lui. Elle a passé deux hivers de guerre sans feu et elle a décou-