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vous ai demandé des bijoux, moi ? Est-ce que j’ai besoin de vos fleurs ? Croyez-vous que vous pouvez m’éblouir par votre faste et vos airs de blasé revenu de loin ? Mais j’ai dans mes pinceaux plus d’or et de pourpre à répandre que vous n’avez de mépris et de cruautés à nous montrer, tant que vous pouvez faire figure de grand seigneur ou de noceur, ce qui est synonyme. Vous vous êtes bien battu, parce que vous étiez fort. À présent, vous allez nous écraser de votre orgueil, parce que nous sommes faibles ? Un lâche, qui, en ce moment, travaillerait toute la journée, rien qu’en ayant rempli le seul devoir de gagner son pain, vaudrait peut-être dix braves comme vous ! Vous avez le temps de mesurer vos paroles, sinon vos gestes !… Eh bien, oui, je vous aime… et je me moque de vous, à mon tour, car je saurai vous aimer sans vous mendier les caresses que vous n’osez pas me donner, probablement parce que vous leur préférez je ne sais quel plaisir dont on n’est pas obligé d’avouer le caprice ou la honte. Monsieur de Pontcroix, hier, vous m’auriez demandé d’être votre amie, sans condition et sans restriction, surtout sans enlèvement, j’aurais accepté. Aujourd’hui, je vous prie de