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C’était, dans ce lit, des miaulements plaintifs, des ronrons, des jurons qui rendaient la petite fille très orgueilleuse. La chatte, ayant fini par faire la paix avec elle, l’escortait, suivie elle-même de ses deux chats. On écrivait ses devoirs ensemble, on partageait les tartines de la collation et on enfouissait des choses mystérieuses derrière les fuchsias. Malheureusement, l’un des petits s’oublia un matin sur le paillasson de la dévote, il ne revint plus. Clémentine avoua que sa maîtresse en sortant pour sa messe basse avait mis le pied dedans, et qu’ayant une profonde horreur des jeunes chats, elle avait lancé l’animal à travers les escaliers. Estelle, sans rien dire, l’avait achevé pour que sa maîtresse n’entendît pas ses râles. Tout un drame que Mary reconstitua à l’aide de Minoute qui déterra le petit cadavre dans un coin de la cour.

En sa qualité de fille de militaire, Mary devait protéger le plus faible ; lorsqu’elle sut positivement à quoi s’en tenir, elle monta d’un pas décidé l’escalier de mademoiselle de Cernogand. Mary avait des idées féroces. On pensait chez elle que ce chagrin d’enfant était calmé, on l’avait vue se diriger d’abord vers la cour, réfléchissant aux sages conseils du papa qui lui expliquait qu’une propriétaire pieuse a tous les droits. Sa mère, assistant aux offices à présent, renchérissait et lui déclarait qu’il y avait déjà beaucoup trop de chats dans la maison. Mary, en dernier ressort, étudiait les agitations de Minoute. Minoute fixait des yeux étincelants de rage sur