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rent, s’affolant. Il fallut demander un médecin, la mettre sur un canapé, essayer de la saigner. Rien ne pouvait la rappeler désormais à ses devoirs de fidèle institutrice, elle était bien morte d’une congestion, la face déjà tuméfiée, les jambes roides comme celles d’une statue de bois.

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Mary ne voulut pas rester avec ce cadavre toute la matinée. Agacée des cérémonies stupides qu’on préparait, elle fit atteler le coupé bas et, prise d’un de ses caprices coutumiers en dépit de la circonstance navrante, elle se rendit à la Villette ; là, on lui avait indiqué un débit de sang, espèce de cabaret des abattoirs où des garçons bouchers, mêlant le vin à la rouge liqueur humaine, buvaient, se disant des mots brutaux. Toute pâlie, dans ses fourrures de martre, moitié la petite fille qui veut du fruit défendu, moitié la lionne qui cède à l’instinct, elle se glissa parmi ces gens, tendit son gobelet comme eux, but avec une jouissance délicate qu’elle dissimula sous des aspects de poitrinaire.

Les garçons bouchers éteignirent leur pipe, jetèrent leur cigarette, la plaignant, car ils la trouvaient belle…

Un brouillard froid tombait du ciel qu’on ne voyait pas ; le coupé, revenant, la roulait au travers d’une vapeur étrange sortie des porches béants. La file interminable des bêtes condamnées serpentait avec,