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— Pardonnez-moi, râla-t-il… mon père… je m’en vais… pour toujours…

— Mignonne ! répétait encore le baron, car il ne trouvait plus d’autre mot.

Paul s’élança vers le seuil, ne voulant pas l’achever par sa présence.

— Où vas-tu ? interrogea Mary palpitante, où vas-tu ?

— Je te méprise ! laisse-moi !

— Mais je t’aime ! reprit-elle, s’accrochant à son bras, je t’aime. Oh ! cœur de lâche qui ne comprend rien ; lui mort, et mort sans qu’on puisse deviner la cause de son trépas, lui mort, nous serons unis, cher enfant que je veux tout entier, nous serons heureux librement. Ne t’en va pas ! va m’attendre chez nous, mon bien chéri !

Il la repoussa par un effort surhumain en lui tordant ses jolies mains félines derrière le dos, parce qu’il sentait qu’elle le vaincrait encore si elle le prenait au cou.

Alors, elle eut une muette fureur ; elle se jeta, la bouche en avant, le mordant à la hanche, et il dut lui laisser de sa peau pour pouvoir s’enfuir.

Le baron mourut le lendemain matin dans des spasmes joyeux.

— Un cas de satyriasis bien étrange ! dit le docteur pensif, en constatant le décès.