Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant flambé. Il avait envie de l’isoler de sa femme ; seulement, elle refusait, désirant gravir ce calvaire tout entier. Une fois le baron, vis-à-vis d’elle et en présence du médecin, eut des manières de goujat.

— Vous voyez que je n’exagère pas ! dit madame de Caumont, qui avait rougi.

— Séparez-vous ! risqua le médecin, trouvant qu’un malade pareil n’était guère intéressant.

— Pour amuser un tribunal ! répondit-elle avec amertume.

Le médecin sortit de la Caillotte tout ému.

La digne nièce de l’homme honorable que pleurait la science, cette Mary Barbe ! Du reste, qu’elle satisfît ou non les passions de son époux, le mal augmenterait malgré ce dévouement sublime.

Le baron avait des causeries funestes que Mary ne pouvait pas enrayer. Tantôt il lui développait ses théories sur les passions contre nature, tantôt il s’ingéniait à lui découvrir des perfections dont elle ne se souciait pas. À l’ombre des frondaisons parfumées, dans les senteurs saines de cette forêt majestueuse, il débitait ces histoires malpropres, creusant les situations, répétant les mots crus. Les amours des femmes entre elles le hantaient.

Il prétendait que la pauvre comtesse avait injustement souffert. Si sa petite Mary était gentille, elle lui pardonnerait un jour ; ce serait bien drôle ! Tous les viveurs spirituels tolèrent ces choses ; des préjugés, il n’en fallait plus. Notre siècle était le siècle des plaisirs élégants. Sans jalousie on faisait une