Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cachette… du secours, elle l’a tuée !… Oh ! Madame, vous êtes le pire des bourreaux !

— Monsieur, scanda Mary avec une dureté sinistre, je suis chez moi et libre d’y punir comme il me convient un attentat aux mœurs… Cette femme est votre maîtresse, vous étiez présent, votre rôle sera grotesque si vous dites toute la vérité à la barre d’un tribunal…

Elle se retira, le laissant pétrifié en face de la malheureuse comtesse.

À trois semaines de là, madame de Liol, guérie, partait pour Nice. Son cercle d’intimes prétextait l’état de sa poitrine, peut-être eût-il fallu prendre la chose de moins haut.

Quant au baron, il avait, sous l’empire de ses crises assez inexplicables, recommencé les pires fredaines. Tulotte, très vertueuse, même étant grise, déclarait qu’elle quitterait l’hôtel si on ne l’envoyait pas, avec son amoureuse manie, à Charenton. Joseph, le cocher, pensait que Madame avait eu des excuses, et le docteur appelé, un ancien ami de Célestin Barbe, plaignait beaucoup cette jeune femme, obligée de se dévouer au monstre. Il leur conseilla le séjour de la Caillotte, leur propriété de Fontainebleau, où le sergent de ville était rare. Maintenant, avec le printemps, il fallait tout prévoir !

La Caillotte était une petite villa que l’humidité de la forêt avait rendue toute verte. On ne la distinguait pas dans sa pelouse et ses bosquets, elle semblait faite de mousse comme une vieille tombe. Il