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Alors, un dimanche, il dépensa cinq francs d’absinthe sur les billets de banque qu’il n’avait pas encore ôtés de l’endroit où elle les avait placés. Le cocher de l’hôtel Barbe vint le soir avec une fleur et un ruban. Paul sanglotait tout seul, couché tout habillé dans son lit pour avoir moins froid.

— Que voulez-vous, je pleure, je ne suis plus qu’un enfant ! Joseph ! elle m’oublie !

Joseph lui répondit des tas de choses inutiles sur un ton fort gourmé.

— Ces affaires-là ne me regardent pas, Monsieur Richard, on me paye pour vous servir, mais on ne m’a pas chargé de vous consoler. Ces grandes dames sont si capricieuses !

— Et le mari ? que devient-il, mon bon Joseph ?

L’étudiant joignait les mains comme lorsqu’il avait dix ans et qu’il montrait des souris blanches pour quelques sous. Peu lui importait d’être rudoyé par son domestique : n’avait-il pas bu son argent le jour même ?

— Ma foi, Monsieur est tout pendu à ses jupons, il a une figure cramoisie que c’est une véritable honte. Ce monde-là se la coule douce, je vous assure !

Paul rugit et se dévora les poings… Si elle allait l’aimer, maintenant qu’elle savait l’amour !…

Joseph sortit, plein de pitié.

Vers minuit on frappa légèrement. Paul était en train d’enfoncer un clou et d’arranger une corde, il avait décidé de mourir, sa lettre d’adieux