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— Une victime de la science ! dit Mary, conservant son calme, tandis que les domestiques faisaient des scènes de lamentations. Quand on voulut le relever pour le porter sur un lit, elle s’y opposa, disant que puisqu’il n’y avait rien à espérer, on devait attendre les constatations. En réalité, elle pensait que si un souffle lui demeurait, il étoufferait grâce aux vapeurs de l’acide commençant à se répandre d’abord au ras du parquet. Et on le laissa là s’achever, un coussin sous sa tête chauve, enveloppée d’un rideau que l’explosion avait descendu de la fenêtre.

Le vieux naturaliste, point médecin, lui palpa la poitrine un instant ; puis, se sentant des nausées, l’esprit très confus, il sortit derrière la baronne de Caumont, larmoyant son histoire d’oriolampas pour laquelle il aurait bien voulu donner à son collègue, un maître vénéré, de plus précises explications.

— Il a été tué raide, déclara Mary à sa tante.

— Tant mieux ! grogna Juliette Barbe, il ne mettra plus la discorde chez nous.

Peut-être le savant était-il las de servir de témoin à cette discorde et avait-il choisi le chemin le plus court pour s’enfuir !

Ceux qui constatèrent son décès s’aperçurent que, soit trouble de tous ces gens profondément affectes, soit ignorance de la part du bonhomme à l’oursin, il n’avait expiré qu’un quart d’heure après sa chute et qu’en tombant il ne s’était fait aucune blessure mortelle.

— Victime de la science ! répétèrent les journaux,