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comme des maris, et des amants comme des maris.

Il murmura, d’un accent plein d’humilité :

— Je suis si malade que j’espère ne pas avoir d’hémorragie. Tout mon sang est parti à vous désirer sans espoir. Vous ne vous moquerez pas de moi. Mais pourquoi es-tu si froide, ma bien-aimée ? Tu disais que tu m’aimais ?

— Je ne t’aime pas, je mentais !

Il hurla de douleur, renversé à ses pieds, baisant le bas de son peignoir.

— Oh ! non ! non ! je ne puis plus !… c’est trop !… grâce !… je deviens fou… ce n’est pas possible ! Mary, que voulez-vous donc ?

Elle riait en lui passant sur le visage un écran de plumes d’autruche, et les frisures légères procuraient à l’étudiant l’illusion de coupures de rasoir. Elle espérait que, malade comme il se trouvait, il ne la violenterait pas. D’ailleurs il ne l’avait jamais fait ; il l’aimait d’un amour d’enfant, respectueux, délicat. Paul par un effort désespéré se leva, la prit par la taille.

— Madame, dit-il d’une voix sourde, vous ne me méritez pas, je vais vous haïr !

Un éclair de haine illumina son cerveau ; peut-être vit-il enfin quelle créature il avait pour adversaire ! Il la traîna jusqu’au tapis tout blanc, la renversa dans la mollesse de la fourrure.

— Paul ! supplia la jeune femme déconcertée par cette sauvage attaque, je vous aime… Paul… ce serait odieux !