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— Paul, murmura-t-elle les yeux emplis d’une chaude lueur, je suis montée pour te supplier de rester. J’ai obtenu la tranquillité à force de scènes et à force de refus. M. de Caumont éprouve le besoin de s’étourdir, il court les mauvais lieux, dit-on, et me laisse, depuis quelques semaines, libre de dormir. Mon lit est meilleur que le tien, je viens te l’offrir. Le temps des épreuves est passé, Paul…

Le jeune homme se renversa en arrière, son teint animé de fièvre se décolora, et il perdit connaissance. Mary appela son oncle.

— Il se trouve mal, vite, vos flacons, pauvre amour !

Le docteur tira des sels qu’il avait dans sa robe de chambre.

— Que lui as-tu dit ? Tu l’as chassé ? demanda-t-il effrayé de la pâleur du jeune homme.

Elle haussa imperceptiblement les épaules.

— Alors, il t’aime ! fit Célestin, entourant le malade de soins paternels et jetant à sa nièce un regard tout courroucé.

Est-ce qu’elle allait le tuer, ce petit Paul naïf et bon comme le pain ?

— Que vous importe, mon cher oncle, répondit-elle avec une expression acerbe. Son amour est plus naturel que celui d’un vieillard ! Croyez-vous que les belles filles sont faites pour les hommes usés ! Moi, je suis sûre du contraire.

Célestin se tut, tout tremblant.

— Mary, s’exclama l’étudiant qui reprenait ses