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fuma, de cinq à six, son cigare sur le boulevard des Italiens.

— Ton mari se dérange ! déclara M. Barbe, une fois, tandis que Tulotte larmoyait pour complaire à sa nièce, et prévoyant déjà des réconciliations arrosables de toutes les manières.

— Je ne l’aime plus ! répondit Mary avec une insouciance glaciale.

Le vieux docteur frissonna.

— Tu sais, dit-il, voulant éloigner toute explication dangereuse, que ce pauvre petit Richard est malade. Je l’ai forcé hier à se mettre au lit. Le baron voulait l’envoyer à l’hôpital, moi j’ai refusé. C’est un si bon enfant !

Mary rougit subitement.

— Je vais aller le voir, mon oncle, les soirées et le théâtre me font négliger mon camarade, je suis impardonnable !

Elle jeta sa serviette sur la table, et, sans attendre son oncle qui avait l’idée de la suivre, elle monta d’un pas pressé l’escalier de service. Paul était couché dans un lit de fer, étroit, mal garni. Une tasse de tisane fumait, à côté de son chevet, pour qu’il pût la saisir sans le secours des gens de son bienfaiteur. Il était là par charité ; un mot de M. de Caumont, et on l’expulsait, il n’avait pas le droit de se plaindre. Les études s’arrêtant, il restait là sans un prétexte honnête, ce n’était pas comme l’autre, le mari, qui, lui, légitimement lié à une famille riche, pouvait se faire servir par leurs propres serviteurs