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pas fâché de le voir retourner à l’École de médecine au lieu de le garder à fainéanter dans le cabinet du docteur. Elle eut un sourire mystérieux. Le lendemain elle se rendait à la sortie de l’École, montait en voiture avec Paul et dînait au restaurant.

— Quelle raison donneras-tu ?… demanda le jeune homme anxieux, s’il va savoir que nous avons été en cabinet particulier ?

— Je lui dirai que je t’ai rencontré au moment de ton retour, et que je t’ai proposé de faire une partie fine, c’est tout simple !

— Tu es folle ! Mary, il va te tuer sur place ! Comment, tu lui diras la vérité ?

Elle tint parole. Le baron, abasourdi, la voyant rire aux éclats, ne trouvait aucune réponse.

— Hein !… avec lui… en cabinet… chez Foyot ?

— Oui ! et qu’est-ce que cela vous fait ? Avez-vous peur que je m’éprenne de lui, par hasard ?

— Vous… je pense que vous n’oseriez pas, mais lui qui ne sait rien, lui, ce petit manant ! Mary, je vous défends de sortir avec lui !

— Je ne vous trompe pas, mon cher époux, de quoi vous plaignez-vous, mon seigneur et maître ?

Elle continuait à rire, faisant claquer ce rire comme un fouet.

Le baron se sentant pour toujours débordé, ayant cédé lâchement en une minute de rage amoureuse, perdait auprès de cette femme singulière tout son ascendant de personnage très au courant de la vie. Il eut alors la seule volonté bien nette de jouir de