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flattait son vice. Déjà il lui semblait que Mary, tout en la malmenant, lui faisait la part plus belle… À présent elle demandait la clef du cabaret.

— Je te remercie, ma petite, grogna-t-elle, tu défends la déshéritée, toi, et c’est un juste retour des choses d’ici-bas. Tiens ! oui ! pourquoi que monsieur mon frère ferait son Caton ?… il se met à festoyer, donc il faut qu’il cesse d’être pingre. Je ne suis pas une gamine, peut-être ! je sais me conduire ! Ah ! du temps de notre Daniel ce n’était pas ça, je dirigeais la barque, les officiers aimaient le rhum, et toute la ribambelle de fines. Mais ici c’est le cabinet de la mort. Si on touche à une bouteille, il y a du poison. Et leur thé… ils me font rire ! Sans doute qu’ils ont une rude terreur de se griser, les carabins. Mon frère, tout baisse, jusqu’aux sacrées lampes Carcel, qui n’éclairaient pas plus que des coquilles de noix, hier !

Célestin éleva la voix :

— Ma sœur, dit-il brutalement, tournant le dos à Mary, je vous chasserai si vous continuez à nous couvrir de ridicule. Vous êtes chez moi, dans une maison sérieuse, et je déteste les disputes.

Mary lui saisit le bras qu’il avait levé en signe de menace.

— Moi, fit-elle avec hauteur, je suis chez moi ainsi que vous, et je vous déclare que je ne crois pas l’honnêteté de la maison en péril parce qu’elle boira du cassis au lieu de boire de l’esprit-de-vin.

Elle souligna à dessein le mot honnêteté. Célestin